Les Amis des Mées
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Bicentenaire: 1784/86 - 1984/86

Il y a deux cents ans, la mine.

Le vallon de la Combe n'a pas toujours été synonyme de quiétude et de douceur de vivre. Depuis le XIVème siècle, on connaît les soucis et les désastres que les eaux capricieuses et tumultueuses du torrent, aujourd'hui disparu, ont causé à nos ancêtres. L'interdiction de construire sur ses rives, des barricades inefficaces lui barrant la route, des murailles latérales essayant de le contenir, rien ne résistait à cet ennemi.
Le 25 août 1719 le désastre s'abat sur la cité, de l'eau jusqu'aux étages des maisons riveraines, deux mètres de boue et de graviers dans les rues adjacentes, des hommes, des enfants entraînés par les flots, la campagne saccagée, les chemins et les canaux emportés. L'évènement fut si terrible qu'il resta longtemps dans les mémoires. Les murailles de toutes sortes ne faisaient rien contre l'ennemi redoutable et l'idée de dévier le torrent prit forme de plus en plus. La solution paraissait radicale, une forte digue à angle droit avec son lit et un tunnel sous le rocher pour évacuer les eaux. L'idée est simple mais la tâche immense. Le citoyen Benoît SALVATOR se prit de passion pour sa réalisation avec quelques habitants pleins d'espoir.

Ils furent écoutés et dans une délibération du 6 septembre 1778 du conseil municipal on apprend qu'à la suite des études et mesures réalisées par le sous-ingénieur de la Province, AUBRESFINE, "LE PERCEMENT DU ROCHER" et la construction de la digue sont réalisables. Les devis estimatifs s'élèvent à 60 000 livres : un tiers à la charge de la commune; le reste obtenu de la Province et du bon vouloir du Roi. Le projet ne fit pas l'unanimité dans la ville ... et ainsi naquit le "PARTI DES ANTI-TROU" qu'on n'écouta jamais mais qui se démena toujours. Les appuis par contre furent nombreux, Monseigneur l'Archevêque d'Aix, Monseigneur l'Intendant, les notables du pays, l'Assemblée des Etats de Provence, les ingénieurs et la province, tous soutinrent le projet de SAUVEGARDE ET DE PRÉSERVATION DE LA VILLE DES MÉES.

L'assemblée des Etats de Provence adopta le projet en 1780 et accorda la somme de 30 000 livres. La communauté racla ses fonds de tiroirs et les travaux commencèrent avec le concours enthousiaste des habitants : pioches et pétards en main. Ils dureront quatre ans. Malgré les accidents, les difficultés financières et matérielles, "les anti-trous", les travaux se poursuivirent sans relâche mais pas aussi vite qu'on le souhaitait. Aussi projeta-t-on d'attaquer le rocher par le nord. Le 22 janvier 1784, à l'explosion d'un pétard de l'eau s'écoule du plafond envahissant la galerie, interrompant les travaux. L'incident accélère le projet du deuxième percement dont les travaux débutèrent dès juin 1784 et le 27 octobre de la même année la jonction est faite, l'eau indésirable s'échappe, c'est la fête dans la ville et pour Benoît SALVATOR : "LA MINE ES PERSADE". Il ne reste plus qu'à construire un lit artificiel qui conduira le torrent, enfin maîtrisé, vers la Durance. Pendant deux ans et demi on lui bâtira exhaussé sur des arceaux, un canal long de 512 m. . La ville est sauvée pense-t-on? Il en aura coûté 71 780 livres. mais voilà que la 15 juin 1875 La Combe rugit de nouveau, la ville et la campagne sont dévastées. La menace est revenue. Dès septembre 1876 le conseil municipal décide la construction d'une digue en amont de la première, plus haute et plus robuste et il demande la création d'un périmètre de reboisement dans le bassin de réception et supérieur du torrent. La commune vendra à l'Etat 147 ha de terrains communaux le reste à acheter aux particuliers dont certains se révèleront être de nouveaux "anti-trous".

Le 1er juillet 1876, l'Etat est acheteur et le reboisement commence sous la direction de MM. DEMONTZEY et FABRE. Pour parvenir au but fixé. "l'extinction totale du torrent de La Combe", 'l'inspecteur des forêts demande, en 1883, la création d'un périmètre obligatoire déclaré d'utilité publique, afin de mettre fin aux embûches des nouveaux "anti-trous" et de pouvoir continuer effectivement le reboisement commencé en 1876. Le périmètre comprenait tous les versants de la rive droite du torrent, sur le plateau de la Colle. Les sommets des vallons affluents rive gauche ainsi que le vallon de la mort dévastateur à ses heures. Ce sont donc les arbres qui ont finalement terrassé l'ennemi dévastateur et pourtant le souvenir des trombes d'eau est encore vivace.

FRAIS DES TRAVAUX ET ACHATS.

Percement du rocher21 000
Outils pour les ouvriers 126
Achat Digue Sébastien Reine 395
Déblaiement 600
Extraction de l'eau 85
Digue des Arcades 42 240
Excédant de travail 2 000
Achats de terrain pour les Arcades 5 344
71 790  frs dont 32 100 apportés par la Province et le reste par la ville.

DATES ET AGENTS DE PERCEMENT DE LA MINE

Benoît SALVATOR Maire agent principal
VALLON Ingénieur
AUBRESPINE et BONNARD sous-ingénieur
J.B. MAILLET de Roucine
J. B. TAITENER du Tyrol
Jean VINKLER du Tyrol
Antoine MARTIN
César MAURICE
Jean ROUBAUD

CHRONOLOGIE

1780 le projet est adopté
1781 commencement des travaux
1784 les mineurs commencent du coté du Moulin
27 octobre 1784 percement complet de la mine qui met les habitants des Mées dans la joie la plus complète. Ils parcourent les rues de la ville en criant "La Mine es persado".
1786 le canal des Arcades est terminé, l'eau peut s'écouler jusqu'à la Durance.

Notes prises dans :
NOTICE DE LA VILLE DES MÉES de J.J. ESMIEU. 1803
D'après l'abbé SÉBASTIEN 1906-1907.

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