Les Amis des Mées
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 demi-sol Quelques aspects de la vie locale les
dernières années de l'Ancien Régime
 demi-sol

Sommaire
  Situation des Mées
La paroisse
Les Fêtes
La ville
Le Terroir
La société
La vie rurale
Le bon air
La nourriture
L'éclairage

Le torrent de la Combe
Les débordements des rivières et des vallons
Calamités naturelles
Election du maire
Le régent des écoles
La poste aux lettres
Les valets de ville
Garde bois, garde vignes
La tuilière
Les fours
Les pradiers ou aygadiers
La boucherie
Les moulins à farine
Les moulins à huile
Les voies de communication
Les passages de soldats
La monnaie
Les poids, les mesures
Conclusion


Situation des Mées Retour au bulletin   Haut de page

La communauté des Mées, est comprise dans la viguerie de Digne (les vigueries sont des circonscriptions fiscales), elle est le siège d'une judicature royale. Malijai, l'Escale, Chénerilles, Puimichel, Mirabeau, Mallemoisson, Lagremuse, Espinouse, Beauvezet, Entrevennes, Le Castellet, Oraison sont de son ressort.

Elle n'est pas soumise à la tutelle d'un seigneur. Il n'y a pas de biens nobles sur son territoire, mais il y a des possessions ecclésiastiques ; le prieuré de Paillerols dépendant de Boscodon, le prieuré de Saint-Michel dépendant des Bénédictins de Ganagobie, Notre-Dame de Champlan, ainsi que quelques autres terres (notamment celles possédées par la chapellénie de Saint Jacques) et immeubles.

Les Mées fait partie du diocèse de Riez, et l'église paroissiale de la ville est sous la coupe du chapitre de Sisteron lequel chapitre prélève la dîme sur ce territoire. Les relations conseil de la communauté - Chapitre de Sisteron ne sont pas excellentes. Lorsqu'il y a des réparations, des aménagements à réaliser à l'église, le Chapitre de Sisteron doit payer la moitié des dépenses mais il est très long à s'exécuter et plusieurs procès opposent communauté et Chapitre. De plus, pour arranger les choses, en 1785, le chapitre de Sisteron réclame une dîme du quinzième pour les blés et grains et du douzième pour les raisins, alors que de mémoire d'homme, il a toujours été payé le vingtième pour les grains et quinzième pour les raisins, la communauté par un nouveau procès obtiendra gain de cause.


La paroisse Retour au bulletin   Haut de page

La paroisse est la lieu prépondérant de la communauté, les habitants se rassemblent dans l'église pour les offices religieux qui ponctuent l'année, mais aussi pour les assemblées publiques. C'est le seul local assez vaste pour réunir toute la population.

Sur la territoire des Mées, il y en deux, celle de la ville et celle de Saint Honorat aux Petitcans, il y a aussi une autre église : Saint Blaise, au prieuré de Paillerols mais elle n'est pas érigée en paroisse. Ce sont dans ces trois églises que se font "au prône" les annonces publiques.

L'église est le centre de la vie, des cloches annoncent tous les évènements, les rassemblements, les dangers, et lorsque "la grosse cloche s'étant dérangée", ce qui arrive assez souvent dans ces années là, la municipalité s'empresse de la faire réparer. Le village sans ses cloches est un village muet. L'église, Notre Dame de l'Olivier, en cette fin du XVIII ème siècle diffère quelque peu de celle que nous voyons aujourd'hui, ses dimensions extérieures n'ont pas changé, mais le presbytère actuel n'existe pas (il a été gagné sur un des bas-côté), et surtout, le clocher ne comporte ni son dernier étage, ni son campanile en fer forgé (qui seront réalisée en 1851 pour y placer l'horloge) il est massif et plat à son sommet (comme l'est celui de Forcalquier), puisque quelques années plus tard, lors Ies fêtes révolutionnaires on allumera des feux sur le clocher.


Les Fêtes Retour au bulletin   Haut de page

La vie est rythmée par les fêtes religieuses, Pâques, Pentecôte, Noël... et ici particulièrement la Fête-Dieu où la municipalité fait régulièrement "nettoyer le devant de l'église et les rues de la ville à l'occasion de la procession du Saint-Sacrement", la population participe largement à cette fête et y joint son coté profane par des tambours et des salves de coups de fusil, "jeux militaires connus sous le nom vulgaire de BRAVADE."

La veille de la Saint Jean la communauté offre aux habitants un feu de joie de sarments et rameaux qui est préparé et allumé par le valet de ville.

Le 15 août nouveau rassemblement où "La Sainte Vierge est portée à la procession de Notre Dame d'Aoust". Les officiers municipaux président à toutes les cérémonies où ils ont les places d'honneur.

Lorsqu'il y a un évènement à célébrer, le conseil de la communauté fait allumer "un feu de joie", on "tire des boëtes" (coups de fusil), on sonne les cloches, on bat le tambour et on joue du fifre, tel en 1781 pour "la naissance de Monseigneur le Dauphin", en 1782 "en réjouissance de l'avantage que les troupes de sa majesté avaient remporté sur l'armée anglaise en Amérique" ou en 1784 "pour la publication de la paix" à cette occasion, ô combien importante, le conseil avait même offert "un petit feu d'artifice et jeté quelque argent au peuple dans la rue".


La ville Retour au bulletin   Haut de page

La ville des Mées se serre à la base de l'extrémité sud de la chaîne des rochers, dominée par la chapelle Saint-Roch et l'horloge. Le moulin à farine est pratiquement à l'extérieur de l'agglomération, de même que l'église Notre-Dame de l'Olivier. En dessous de l'église et sur la rive gauche du torrent de la Combe sont les aires publiques, puis un peu plus bas, toujours sur la rive gauche, est le cimetière que l'on a installé là depuis quelques années (1777). Quatre fontaines : celle de la Place, la Bonne Fontaine, la Fontête, la Font-Neuve, donnent de l'eau en ville. Le torrent de la Combe (tout au moins jusqu'en 1787) sépare quasiment la ville en deux. Vers le bas de la ville, à partir de la place, des murs ont été construits pour canaliser, le torrent. Des "portes" sont établies au niveau des rues qui débouchent sur le torrent de la Combe, et lorsque l'orage tenace, on met "les planches qui servent à fermer les portes qui communiquent d'une, rue à l'autre le long du torrent de la Combe", les portes ainsi fermées, l'eau ne reflue pas trop dans la ville. Lorsque les pluies sont terminées, il faut s'activer à dégager les portes et les réouvrir, car elles sont souvent engravées : "Joseph ARNOUX, Joseph GUILLAUMONT, Louis BARRAS, Pierre GIRAUD, Pierre COMTE, Magdeleine COMBE et autres paysans, enfants et filles qui ont été employés (et payés par la municipalité) à déblayer le vallon devant les portes de la Combe pour ouvrir la communication d'une rue à l'autre après les orages survenus les 19 juin (1782) et jours suivants".


Le Terroir Retour au bulletin   Haut de page

LE TERROIR, est désigné sous ce terme tout ce qui n'est pas la ville. Ce sont les hameaux de Dabisse, des Pourcelles, de Ragoni, des Petitcans, des Gargas... et toutes les BASTIDES, les maisons rurales dispersées sur le territoire.


La société Retour au bulletin   Haut de page

La société se compose, d'une classe aisée comprenant des avocats, médecins, chirurgiens, notaires, apothicaires, huissiers… ou tout simplement BOURGEOIS, tous, outre leur fonction possèdent des domaines ruraux où des fermiers entretiennent leurs terres. Ces notables, peu nombreux, ont une autorité importante, ce sont eux qui administrent principalement la communauté avec tout de même des membres de la classe moyenne, composée de petits propriétaires, agriculteurs et des artisans (fournier, tailleur d'habits, tisserand. serrurier, tonnelier, maréchal, maçon, menuisier, chapelier, négociant, tuilier, cabaretier, aubergiste, boucher, boulanger, cordonnier ... ). Puis d'une classe indigente, pauvre qui vit au jour le jour principalement de travaux agricoles, ce sont les journaliers ou TRAVAILLEURS comme on les nomme.


La vie rurale Retour au bulletin   Haut de page

L'activité de la communauté n'est pratiquement que rurale. Une partie de la surface est arrosée par des canaux des moulins, ce sont le canal du MOULIN DE VILLE prenant ses eaux dans la Bléone peu après le pont de Malijai et venant au moulin en suivant sensiblement le tracé qu'il a aujourd'hui et arrosant toute la vallée en amont des Mées ainsi qu'une portion de terre entre la ville et Saint-Michel. Le canal du moulin de Dabisse prend son eau dans la Durance vers Saint-Michel, suit approximativement ce qui est aujourd'hui la berge de la Durance, passe aux Gargas et rejoint Dabisse où, après avoir mis en mouvement le moulin, les eaux arrosent encore une petite partie de territoire jusque vers les Bastides-Blanches. Le Canal du Moulin d'oraison prend son eau à peu près sous les Bastides Blanches, arrose quelques terres sous les Pourcelles avant d'entrer dans la comme d'Oraison.

Si entre les Mées et Malijai la partie arrosable était sensiblement la même qu'actuellement, hormis les terres gagnées sur les iscles en bordure de la Durance, vers Dabisse, il n'en était pas de même. Les seuls champs et jardins à l'arrosage se trouvaient entre Saint-Michel, le Péou et les Gargas, terres qui ont complètement disparues maintenant, emportées depuis par des crues successives de la Durance. Il faudra attendre la première moitié du XIX ème siècle pour que, non sans mal, l'eau commence à arroser toute la fertile vallée de Dabisse et des Pourcelles.
Le paysage cultural a lui aussi changé. Dans les zones à l'arrosage se trouvent les jardins, éléments essentiels de la vie, les prairies et les chènevières (culture de chanvre pour les fibres). Par ailleurs, on cultive des céréales, pour l'alimentation humaine, surtout du blé dans les meilleures terres et du seigle dans les terres médiocres, puis de l'avoine pour les bestiaux, et de grandes surfaces sont consacrées aux vignes et aux oliviers situés pour la moyenne partie dans la plaine supérieure entre les collines et le Thor. Le vin et I'huile sont des productions importantes du pays, source d'un commerce conséquent. Il y a aussi beaucoup de landes et de terres incultes ou paissent les troupeaux, car on pratique la jachère. Des TERRES GASTES ou GASTINES appartenant à la communauté (notamment la GRÉE) servent de pâturages publics pour les moutons,

Les travaux agricoles se pratiquent presque exclusivement à bras, seul l'araire de bois avec la reille en fer est utilisé, sinon les labours se font au LICHET A BANNES (bêche à dents, bécat à deux dents, triandine à quatre dents). L'EISSADE (houe, hoyau) plate, pointue ou à dents, est aussi très utilisée.

Les moissons se font à la faucille, le dépiquage à lieu sur l'aire par des chevaux ou mulets qui piétinent les épis. Pour trier le grain de la balle, on se sert du vent qui emporte les parties les plus légères et de DRAI (de grands cribles).

La majorité des transports agricoles se font avec des chevaux, mulets et ânes de bât, la charrette n'est pratiquement pas utilisée pour l'usage local ("Attendu que nous n'avons point de charrette dans cette ville, ni dans son terroir" D.C.M. 18 avril 1784) elle sert uniquement aux rouliers, transporteurs, négociants qui font de longs parcours pour le commerce.

Les prairies sont fauchées à la faux,

La vigne se travaille avec l'EISSADE et le BÉCHAS, pour la taille on emploie la POUDO, sorte de serpe. On élève des moutons et beaucoup de porcs. Les chèvres étaient interdites sur le territoire par un arrêté du parlement du 15 janvier 1731.

 lichets    chanvre
Lichets à bannes et dessin de la plante du chanvre

 broie
Broie pour le chanvre
 bêche  eissades  fauçille
Bêche, eissades et fauçille

 béchas  poudo
Béchas et poudo


Le bon air Retour au bulletin   Haut de page

L'air ne semble pas fleurer très bon, surtout en été, des exhalations fort désagréables s'élèvent des marais des eaux stagnantes et bourbeuses en bordure de la Durance ainsi que des NAIS (les routoirs, où l'on met le chanvre à rouir) ces routoirs sont en bordure du canal.

En ville cela est encore pire, dans les rues on étale des branchages (genets, buis, thym, bois des iscles...) sur lesquels on déverse les eaux usées et les déjections humaines, c'est le principe du TOUT A LA RUE, ceci dans le but d'obtenir un engrais, souvent médiocre car les pluies le lavent et en emportent la meilleure partie. Outre cela, certains recoins du village servent d'entassement de déchets, de fumiers, ils sont alors particulièrement malodorants, ce sont les CLOAQUES. Le conseil de la communauté, conscient de ce problème d'insalubrité des rues, met en demeure à plusieurs reprises certains habitants de supprimer leur CLOAQUE par trop nauséabond pour leur voisinage; mais les mauvaises habitudes sont longues à perdre et l'air des rues sera empuanti encore de longues décennies.


La nourriture Retour au bulletin   Haut de page

Le blé, un peu de seigle (mais pour une part assez faible chez nous) transformé en farine dont on fait la pain qui est la base essentielle de l'alimentation. On y boit du vin, pas forcément le meilleur, car celui-ci est vendu. Les matières grasses employées en cuisine sont l'huile et la graisse de porc. Dans les jardins se trouvent pratiquement tous les légumes possibles, mais les plus consommés sont les haricots, les lentilles, les fèves les pois-chiches, les pois pointus, ils ont l'avantage une fois secs d'être utilisables en hiver, où on les réduit en farine pour en faire des soupes. Les choux également sont très employés principalement les verts qui se conservent bien, on en fait des potages à l'huile. Les pommes de terre commencent à peine à entrer dans quelques habitudes alimentaires et restent encore principalement réservées, pour ceux qui en produisent, à l'engrais des bestiaux. Les oignons blancs, gros et plats sont très estimés. On les mange crus avec du sel. Les arbres fruitiers donnent une très grande variété de fruits.

Comme viande on mange principalement du porc que l'on conserve au sel, du mouton, de l'agneau, peu de bœuf, les volailles et lapins de la basse cour et quelques gibiers.


L'éclairage Retour au bulletin   Haut de page

Il se fait uniquement à l'aide de chandelles et de lampes à huile.


Le torrent de la Combe Retour au bulletin   Haut de page

Dans ces années, la communauté supporte de lourdes charges, principalement le percement du rocher pour dévier le torrent de la Combe, bien qu'ayant eu pour ces travaux exceptionnels quelques aides de la Province, elle s'est largement endettée pour cette opération à laquelle "le salut de cette ville est lié". De 1782 à 1784 des ouvriers spécialisés vont, à l'aide de "pétards" et malgré tous les problèmes techniques rencontrés, réussir à passer au travers du rocher. Puis de 1784 à 1787, les travaux traînant en longueur (un bac spécial est installé sur la Durance pour aller chercher des matériaux de l'autre côté de la rivière) des maçons (FEREVOUX de Sisteron) vont réaliser le barrage pour détourner le torrent de la Combe dans la galerie creusée (la Mine) et construire l'aqueduc pour emmener ses eaux jusqu'à la Durance. "Le Conseil voyant avec la joye la plus vive approcher l'heureux moment où la ville sera délivrée du terrible et dangereux torrent qui la traverse". Mais dans cette entreprise, le budget prévisionnel a largement été dépassé et les impôts pèsent sur les habitants qui éprouvent "un épuisement général" et la communauté se trouve, par ce fait, elle aussi dans un "état d'épuisement et d'insuffisance".


Les débordements des rivières et des vallons Retour au bulletin   Haut de page

Le bois étant la seule source d'énergie thermique, il est utilisé massivement pour la cuisson des tuiles, briques, poteries, pierres à chaux, pour le pain et les usages domestiques… de plus un pacage excessif de certaines zones, ont contribué à dénuder nos collines, notamment le bassin de la Combe, le bassin du vallon de Saint Joseph, la Coste... De ce fait, les orages provoquent de dangereux ravinements et occasionnent des dommages considérables, le plus dangereux de tous ces vallons est bien sûr, le vallon de la Combe qui traverse la ville, mais tous les autres vallons, "viennent" fréquemment. Comme il est de mêne dans d'autres pays en amont de la Durance et de la Bléone, ces deux rivières sont, elles aussi à leur tour gonflées par des crues énormes et dévastatrices qui emportent prises d'eau des moulins, canaux d'arrosage, terres le long des berges… La communauté doit alors très souvent faire face à ces dépenses extraordinaires.


Calamités naturelles Retour au bulletin   Haut de page

Des calamités naturelles "mettent le comble à la position malheureuse de cette communauté qui après avoir essuyé le 11 août 1786 un premier orage très considérable qui ravagea la meilleure partie des vignes et oliviers de ce païs, après avoir essuyé le 19 août de l'année dernière (1787) un second orage terrible et tout à fait désastreux qui n'épargna aucun quartier ou terroir et qui, indépendamment de la perte entière de la récolte pendante, occasionna un dommage inappréciable aux ceps de vigne et aux oliviers attendu la grosseur énorme des glaçons qui tombaient après avoir essuyé la présente année (1788), le 22 may dernier, un troisième orage qui endommagea considérablement les quartiers qui en furent affligés…" et ce n'est pas fini, en septembre 1798 un nouvel orage de grêle "a saccagé la majeure partie des vignes et des oliviers du terroir, qui ne présente plus que le spectacle affligeant d'une campagne désolée qui n'offre pas au cultivateur de quoi l'indemniser de ses peines et de ses sueurs..." (D.C.M. 21 septembre 1789). La communauté accablée par tant de misères, espère bien obtenir "des secours que le Roi accorde aux communautés de la Haute-Provence qui, comme la nôtre sont ravagées par les orages, par les torrents et par les rivières..." mais, aucun secours ne viendra la soulager car elle a été "totalement oubliée dans la répartition des secours" qui sont attribués début 1789.

A ces orages viendra s'ajouter le froid terrible de janvier et février 1789 qui "a causé des dommages tant par la mortalité des oliviers que par celle des vignes". De telle façon (mais la spéculation aidant) qu'en mars 1789 le blé va manquer aux Méens pour leur nourriture et des émeutes éclatent (voir "Les Mées du temps de la Révolution", Les Amis des Mées, 1989).


Election du maire Retour au bulletin   Haut de page

Le Conseil de la communauté se compose d'un maire et premier consul, d'un second consul, d'un troisième consul, de quatre conseillers vieux et de dix conseillers modernes. L'élection se fait par une assemblée restreinte, principalement les notables du pays. Elle a lieu chaque année. en tout début de l'année, souvent même le premier janvier, après avoir été annoncée la veille au soir "au son de la cloche", le matin même "à l'issue de la grand messe du Saint-Esprit et aussi par le valet de ville au cri public au son de la trompette dans tous les lieux et places publiques accoutumées".

Le maire, les consuls et quelques membres du conseil se rassemblent dans la grande salle de l'hôtel de ville. Le greffier inscrit sur 14 billets le nom de chacun des quatorze conseillers de l'année écoulée. Ces billets sont mis dans des "boutons en forme d'olive percés au milieu et jetés dans une boite et brouillés ensembles". "Un petit garçon trouvé casuellement" dans la rue en tire 10, ce sont les conseillers "sortis du conseil et de charge" les 4 restants feront partie du futur conseil en tant que conseillers vieux.

Le maire sortant propose pour conseillers modernes six noms, le second et le troisième consul proposent chacun cinq noms. Les noms de ces seize conseillers éligibles sont inscrits sur des billets qui sont mis comme précédemment dans des boutons en forme d'olive et brouillés ensembles. Le même petit garçon tire dix billets, ce sont les dix conseillers modernes.

Tous les conseillers élus sont alors envoyés cherché chez eux par le valet de ville. Ils se rendent à l'hôtel de ville et là, ils prêtent serment.

Vient alors le moment d'élire le maire et les consuls. Pour cela, on inscrit sur des billets le nom des personnes présentes formant l'assemblée, deux sont tirés au sort toujours suivant la méthode précédente, ils désignent les deux nominateurs.

Ces deux nominateurs entrent dans une petite pièce contiguë à la grande salle, c'est la chambre des nominateurs. Le premier nominateur, par "la petite fenêtre de la porte de la chambre des nominateurs" annonce "à haute et intelligible voix" un nom, ce non est soumis au vote des conseillers qui approuvent ou rejettent ce choix à pluralité des voix.

Le deuxième nominateur, par le même procédé annonce à son tour un non, qui est également soumis à l'acceptation des conseillers. Les deux noms approuvés par les conseillers sont alors inscrits sur des billets et comme précédemment tiré au sort par le petit garçon. Le maire est ainsi désigné. On suit alors le même usage pour élire le deuxième et le troisième consul.

Si, et cela arrive assez souvent, les consuls sont pris parmi les conseillers élus, il faut alors procéder au tirage au sort d'autres conseillers en remplacement. Le maire sortant reçoit les serments des nouveaux maires et consuls.

Quelques jours plus tard, (cinq ou six environ) sont désignés par le conseil les officiers municipaux à savoir : deux auditeurs aux comptes qui sont tirés au sort parmi six nom proposés par le maire et les consuls; "le greffier", "l'archivaire", deux "alivraires", "l'estimateur", "le repeseur de viande, pain, vin et denrées", trois "recteurs de l'hôpital", le "procureur du Roi de police", deux "commissaires de police", le "greffier de police", "l'huissier de police", sont nommés par le maire et consuls avec approbation du conseil.

Comme nous l'avons dit au début, les élections du maire et consuls ont lieu chaque année, mais, il arrive parfois (c'est le cas pour les années 1784 et 1787) qu'une ordonnance du Roi maintienne les mairie et consuls dans leur fonction : "…Sa majesté étant satisfaite du zèle, de l'exactitude et de l'intelligence avec lesquels les maire et consuls de la ville des Mées ont rempli leurs fonctions, elle a jugé de les continuer dans leurs places pendant l'année prochaine"… il est alors seulement nécessaire d'élire les conseillers.

 

 Registre du Conseil Municipal
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Registre des délibérations du Conseil Municipal.

 

 Signatures des conseillers
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Signatures sur le cahier des délibérations du Conseil Municipal du 1ier janvier 1785.

 

 ordonnance royale
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Ordonnance royale pour maintenir mairie et consuls dans leur fonction.


Le régent des écoles Retour au bulletin   Haut de page

La communauté paye les gages d'un "régent des écoles du français" chargé de "l'instruction de la jeunesse", des garçons il s'entend. L'école n'est bien sûr, pas obligatoire et ce ne sont que des rudiments d'instruction (lire, écrire, compter) qui sont dispensés aux élèves qui veulent bien la fréquenter. Ce qui, est loin d'être la majorité des enfants. Enfants qui, très tôt, sont employés pour des travaux, gagnant ainsi quelque argent pour la famille. La municipalité, entr'autre, en emploie fréquemment pour nettoyer les rues, ou sortir les gravats lors du percement au rocher pour !a construction de la mine.

Par contre, et c'est assez rare dans le département, les filles peuvent aussi s'instruire, elles ont une école et une "maîtresse d'école" c'est "Marguerite LAUGIER qui remplit cette place à la satisfaction de tout le public". Quelques années également, les pères de famille réclament un "régent de la latinité" pour "donner aux enfants les premiers principes de la latinité" c'est souvent un ecclésiastique alors qui remplit cette tâche.

La nomination du régent est également soumise à "l'approbation de Monseigneur l'évêque de Riez".

Les différents régents ont été :
  • Jean Joseph Augustin GAUBERT en 1780,
  • Antoine BACHELAR de 1781 à 1784,
  • BONNARD de 1785 à 1786,
  • BORRELY en 1788.
  • Le régent de la latinité est GARCIN, diacre en 1782 et 1783.


La poste aux lettres Retour au bulletin   Haut de page

La Poste aux lettres est tenue par la veuve CHATEAUNEUF qui est rétribuée par la communauté aux gages annuels de 30 livres en 1782 et 40 livres en 1787. Elle "fait les paquets de lettres qu'elle donne au courrier qui va de Manosque à Digne et de Digne à Manosque, elle reçoit les dépêches qu'il apporte et remet les lettres aux habitants de cette ville et de son terroir qu'elle leur porte chez eux".

Le courrier (le piéton) passe chaque jour, sauf le dimanche à "I'entrepôt des lettres" et lorsque la Durance est en crue, que le courrier ne peut passer au bac du Loup, il va passer par Volonne ou même Sisteron, la veuve CHATEAUNEUF va alors à Malijai à son passage lui porter les lettres.

En février 1789, l'administration voulait supprimer l'entrepôt des Mées et faire passer le courrier par la vallée de l'Asse, Mézel, Gaubert. La municipalité s'insurge fermement contre cette mesure qu'elle juge injuste et irrationnelle. Ce projet, ne sera jamais réalisé.

La poste est principalement utilisée pour les courriers officiels, administratifs, mais le plus souvent, pour le courrier familial, pour ne pas payer les taxes de la poste, on confie la lettre à une connaissance qui effectue le déplacement et qui remettra la lettre en main propre, on appelle cela avoir "une commodité". Un des principaux axe d'échange avec Les Mées, est Aix et Marseille. Les frères GAIDE, négociants, voituriers, font fréquemment le voyage et portent le courrier qu'on leur confie, "Apparemment que GAIDE dans cet intervalle n'a point fait de voyage à Marseille, et quand cette voie manque, voilà tout commerce et toute communication de Marseille aux Mées anéantis" (Lettre de J. J. ESMIEU à son père, de Marseille le 12 janvier 1785).

 

 lettre
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Lettre transmise par la poste de Marseille, le 25 juin 1781.

 

 letrre d'Esmieu
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Lettre de J.J. ESMIEU, de Marseille, du 25 juin 1781, qui utilise la poste car il n'a pas eu de "comodité" immédiate pour transmettre de ses nouvelles à son père aux Mées.


Les valets de ville Retour au bulletin   Haut de page

La communauté paie les gages de deux valets de ville, ce sont les hommes à tout faire, ils font fonction de gardes-champêtres, ils entretiennent l'horloge, font les annonces officielles tant en ville que dans les campagnes, accompagnent les officiers municipaux lors de visites, préparent les fêtes, font les petits travaux courants et exceptionnels… La communauté leur fournit l'habillement qui est "en drap et galon en argent" ainsi que leur chapeau brodé d'argent.


Garde bois, garde vignes Retour au bulletin   Haut de page

Outre les valets de ville à plein temps, la communauté emploie saisonnièrement des gardes-vignes, environ un mois ou un mois et demi avant la vendange, pour éviter les vols de raisins et de fruits.

De même des gardes-bois sont nommés épisodiquement pour surveiller et appréhender, si besoin est, les coupeurs de bois clandestins. Mais leur efficacité (il en est de même pour les gardes-vignes) n'est pas très grande, leur nombre (deux ou trois) et l'étendue du territoire qu'ils ont à surveiller, explique aisément cela.

Les coupes sauvages de bois sont un véritable problème pour la communauté qui est bien consciente qu'il ne faut pas détruire anarchiquement les bois. Car c'est bien le fait d'un déboisement abusif si le torrent de la Combe est si dévastateur en temps d'orage, de même qu'à la Coste ou au Vallon de la Mort où les moindres orages font dévaler de grandes quantités de graviers venant obstruer les canaux d'arrosage. Mais les gardes-bois ont beaucoup de mal à surveiller toutes les collines.


La tuilière Retour au bulletin   Haut de page

Dans le début des années 1780, les deux tuilières, qui sont des possessions de la communauté, celle vers Malijai près de la Bléone, et celle de Dabisse vers Ragony (ces quartiers se dénomment encore aujourd'hui ainsi) produisent encore des tuiles et des briques.

En 1788, celle de Dabisse "est vacante depuis plusieurs années et personne ne veut s'y installer ( ... ) tous ont été absolument dégoûté par l'éloignement des bois de la communauté" et celle vers Malijai est pratiquement inactive.

La communauté décide alors d'en créer une nouvelle au quartier Saint-Joseph en bordure de la Durance qui sera opérationnelle vers la fin de l'année 1789.

En 1790 les bâtiments et terrains des tuilières de Dabisse et de la Bléone sont vendus pour éponger quelques dettes de la communauté.


Les fours Retour au bulletin   Haut de page

La communauté met en fermage à l'année deux fours, "le grand four situé au quartier de la Combe" et le "petit four qui est sur la grande rue". Celui qui prend la ferme du four est dénommé "le rentier", il paie pour faire fonctionner le four "un fournier" et une "mandaire" qui doivent convenir aux officiers municipaux (si le public s'en plaint). Le rentier supporte les conséquences lorsque le fournier fait mal son travail (si le pain est trop cuit ou pas assez ou s'il se conserve mal). Le fournier a pour tâche de cuire le pain des particuliers "le pain qui sera le premier enfourné et cela sans distinction, acception ni exception de personne à peine de trois livres d'amende...". Ceux qui donnent leur pain à cuire doivent fournir le bois nécessaire, et il leur revient leur part de cendres. Les particuliers payent au rentier un droit de fournage de un pour cent pain.

La "mandaire" (ou mandeiris), souvent une femme ou alors un enfant, est celui ou celle qui aide le fournier "à mettre le pain sur la pelle" et que ce dernier envoie chez les particuliers pour leur dire de pétrir ou de préparer le pain quand le four est chaud.

Cela n'empêche nullement qu'il y a en ville quatre boulangers (Louis FREUD, Charles BEZAUDUN, Isodore PICON et Jean SAVIN) faisant du "pain blanc" et du "pain bis" pour ceux qui ne veulent pas pétrir.


Les pradiers ou aygadiers Retour au bulletin   Haut de page

La communauté rémunère trois hommes (219 livres) qui du 26 mars au 29 septembre sont chargés d'arroser "par ordre tous les prés et chènevières des habitants et possédants biens de cette ville depuis la rivière Bléone jusqu'au plan de Saint-Michel ainsi que les prés et chènevières des bastides et jusqu'à celle appelée des Maurelles inclusivement comprise et toujours par ordre à peine de trois livres d'amende pour chaque contravention et faute…". La communauté leur fournit "planches et bois nécessaires pour fermer les martelières". Ils sont responsables des dommages qu'ils peuvent occasionner par des débordements d'eau ou par leur négligence s'ils laissent sécher les cultures (seuls les prés et chènevières sont arrosés, il n'y a pas d'autres cultures de plein champ arrosable, les jardins sont arrosés par leurs propriétaires ou celui qui en a la charge).

Outre leurs gages payés par la communauté, chaque propriétaire leur verse un panal de blé ou vingt sous (au choix) pour chaque "soutérée de pré" et deux sous pour chaque "septier de semence de chenevier" arrosé durant la saison, payable à la Saint-Michel. Les pradiers sont tenus également d'entretenir les canaux.


La boucherie Retour au bulletin   Haut de page

La communauté met en fermage chaque année la boucherie, 76 livres correspondant au loyer des bâtiments (maison, écurie, basse-cour) qui sont payés à l'hôpital et 18 livres (langues de bœufs) qui reviennent à la communauté.

Le boucher doit faire "continuelle résidence à la maison de la boucherie sans pouvoir la quitter ni s'en absenter pour quelque raison et sous quel prétexte que ce puisse être, à peine de trois livres d'amende", il doit "en tout temps et toute heure de l'année si besoin est, au poids et à la balance qui lui ont été remis, à tous les habitants et possédants biens dans la ville et son terroir fournir les matières en viandes bonnes (...)" viande de mouton du Vendredi Saint au 24 juin à 7 sous la livre du 24 juin au Vendredi Saint à 6 sous 6 deniers la livre, la viande de bœuf à 5 sous la livre toute l'année, "s'obligeant particulièrement d'en tenir aux fêtes de Pâques, de la Pentecôte, la Fête-Dieu et les fêtes de la Noël". La graisse est à 8 sous la livre, l'agneau et le chevreau sont au mène prix que le mouton.

Le boucher doit fournir les troupes pour "l'étape", il lui est "expressément prohibé de vendre ou débiter aucune viande de brebis, ni même d'en avoir et garder dans son troupeau, à peine d'amende et de confiscation". Les habitants pourront vendre et débiter, agneau, chevreau, veau, brebis et cochon aux mêmes prix que ceux de la boucherie. Les particuliers n'ont pas le droit d'abattre et de débiter bœufs et moutons sauf s'il y a mortalité accidentelle, mais il faut alors la faire constater par un officier municipal.

Le boucher a son troupeau de bêtes qu'il destine à la boucherie et peut le faire paître au quartier de La Coste dans le domaine communal.


Les moulins à farine Retour au bulletin   Haut de page

La communauté possède deux moulins à farine, celui de la ville et celui de Dabisse. Elle les met en fermage à l'année (1900 livres pour celui de Ville et 860 livres pour celui de Dabisse). Ces deux moulins fonctionnent à l'énergie hydraulique et les meuniers doivent entretenir les canaux d'amenée d'eau et les prises, pour l'entretien normal, si il y a de graves dégradations dues à des calamités naturelles (crues, orages) la communauté paie les remises en état.

Les moulins à farine ont une très grande importance, car ils fournissent l'aliment essentiel : la farine. En général le droit de mouture est de "vingt charge une".


Les moulins à huile Retour au bulletin   Haut de page

La communauté possède également un moulin à huile qu'elle met habituellement en fermage, mais qui en ces années est en fort mauvais état si bien qu'en 1786 aucun particulier ne veut le prendre en fermage, et cela ira de mal en pis car il va finir par s'écrouler en partie en 1788 même que "ses murs principaux ont entièrement quitté leur aplomb". La communauté projettera d'en faire construite un nouveau mais les évènements de la révolution ne permettront pas de le réaliser.

Contrairement aux moulins à farine possédés exclusivement par la communauté, des moulins à huile sont possédés par des particuliers, au moins deux existent aux Mées, ceux des "sieurs BÉRARD et GAL" permettant ainsi aux particuliers de détriter leurs olives. Les moulins à huile n'utilisent pas la force hydraulique, mais les meules et pressoirs sont actionnés par la force animale et humaine.


Les voies de communication Retour au bulletin   Haut de page

Des chemins (plutôt que des routes) permettent de joindre villes et villages voisins (le grand chemin de Digne, le grand chemin d'Oraison...) la communauté sur son territoire s'emploie, lorsqu'ils sont trop dégradés ou abîmés par les orages, à les remettre en état "la route de cette ville à celle de Riez est impraticable aux voitures et charrettes" (D.C.M. 18 Avril 1784).

Les principaux déplacements se font à pied et les transports à "bêtes de bats". Les chariots ne sont utilisés que par les grands transporteurs. Cependant des échanges fréquents se font avec toutes les villes et villages voisins (Sisteron, Digne, Riez, Manosque) et aussi avec la basse Provence, surtout Aix et Marseille où sont vendues principalement les productions importantes des Mées qui sont le vin et l'huile.

Pour la traversée de la Durance un bac est établi entre Dabisse et Saint-Michel : "le bac du Loup" soumis aux caprices des débordements de la Durance. C'est un bateau à fond plat qui va d'une rive à l'autre suivant un cordage tendu entre les deux berges.


Les passages de soldats Retour au bulletin   Haut de page

Les Mées est une ville étape, y passent des régiments en service et des soldats qui se rendent aux bains de Digne. La communauté est tenue de fournir des rations aux soldats et aux montures. Cela gène considérablement la communauté dans la gestion de son budget, car le plus souvent ces frais lui sont payés plusieurs mois, voire une année plus tard et quand encore il ne faut pas les réclamer.

Pour les soldats allant ou revenant des bains de Digne, cela va encore, car ils ne sont jamais très nombreux à la fois, par contre, quand arrive un régiment entier, c'est le branle-bas de combat général, pratiquement tout le village s'active, car ce sont 800 à 900 soldats qui investissent la ville. Il faut les nourrir (normalement la communauté a été prévenue quelques jours à l'avance par courrier) et leur trouver des mulets et chevaux, qui sont réquisitionnés par le valet de ville "qui parcourt les bastides du terroir pour faire venir des montures et bêtes de bat pour le régiment". Le plus souvent, les chevaux et mulets réquisitionnés vont jusqu'à l'étape suivante (Riez, Digne ou Sisteron suivant la direction) et reviennent à leurs propriétaires qui sont indemnisés.


La monnaie Retour au bulletin   Haut de page

1 livre = 20 sols (ou sous)
1 sol (ou sous) = 12 deniers
1 écu = 3 livres = 60 sols
1 louis = 8 écus
1 florin = 12 sols (ou sous)


Demi-sol en cuivre


Sol en cuivre


Ecu en argent


Louis d'or


Les poids, les mesures Retour au bulletin   Haut de page

Voilà les principales mesures utilisées ainsi que leur correspondance approximative avec le système métrique.

Longueur :
1 canne (ou toise) environ 2 mètres
1 canne = 6 pieds = 8 pans
1 pied = 12 pouces
1 pan = 9 pouces = 4 quarts
1 pouce = 12 lignes
1 ligne = 6 points

Surface :
1 canne (ou cannée) environ 4 mètres carré
1 soutérée (ou sesterée) est une surface pouvant recevoir un septier de semence, soit environ 400 cannes.

Souvent, pour distinguer une surface on emploie le terme du poids de semence utilisé pour l'ensemencer.
1 panal environ 160 cannes
1 eimine environ 20 cannes
1 charge environ 1600 cannes

Volume pour le vin :
1 coupe environ 20 litres
1 coupe = 26 pots
1 pot = 4 chopines

Poids :
1 livre environ 450 grammes
1 quintal = 100 livres
1 livre = 16 onces
1 once = 8 tarnaux
1 narc = 8 onces
1 once = 8 gros
1 gros = 3 deniers
1 denier = 24 grains
Pour les grains et les céreales on utilise la charge
1 charge environ 120 à 140 kg de blé
1 charge = 10 panaux (panaou)
1 panal = 4 civadiers = 8 pougnadières
1 charge = 4 sétiers = 8 eimines
Pour les olives:
1 moute = 8 panaux (environ 100 kg)


Conclusion Retour au bulletin   Haut de page

Ces quelques renseignements sur la vie de nos prédécesseurs à la fin du XVIII ème siècle nous permettent d'appréhender quelque peu ce qu'était leur quotidien, surtout qu'après 1789 des changements considérables dans la société s'opéreront, même s'ils se mettent en place avec lenteur, car il faut beaucoup de temps aux mentalités pour changer.

La nos ancêtres était entièrement tournée vers une économie extrême de toute matière première, de tout ce qui s'achetait. "L'économie de bouts de chandelle", cette expression passée dans le langage courant, teintée de mesquinerie, était alors, vraiment une réalité et l'on épargnait véritablement la chandelle, l'huile de la lampe... Seuls étaient dépensés sans compter le temps et la peine. Ce sont là des grandes différences d'avec aujourd'hui où, dans notre société de consommation, le temps est si cher, et pourtant, que de temps libre nous avons... pour dissiper de l'énergie....

Souvent l'on pense que les problèmes écologiques sont l'apanage du XXème siècle (certes, ils sont augmentés aujourd'hui par la multiplication des industries, par les modes de vie), pourtant, nous voyons qu'il y a deux cents ans, ici aux Mées (comme ailleurs dans pratiquement tout le département), le déboisement et le pacage excessif avaient compromis l'équilibre naturel, et les moindres pluies d'orage devenaient catastrophiques. Nous montrant ainsi qu'une destruction incontrôlée des espèces végétales, qu'une exploitation excessive des ressources, peuvent provoquer de graves déséquilibres, et qu'aucune intervention dans le domaine de l'écosystème ne peut se faire sans prendre en considération ses conséquences dans d'autres domaines et sans penser aux générations futures.

L'histoire nous raconte cela, à nous d'en tirer les enseignements,


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