Les Amis des Mées
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MÉMOIRES DE LA
GRANDE GUERRE

Nous sommes en train de rassembler des documents, lettres, souvenirs, sur la guerre de 1914-1918 telle qu'elle a été vécue par des gens du pays, aussi bien du coté des combattants qui écrivaient à leur famille que des femmes de ces soldats qui essayaient de continuer le travail à la maison. Nous avons également recueilli des récits de quelques "poilus" qui restent encore en vie, parmi ces derniers, Monsieur Antoine GAL, né aux Mées en 1896, nous a écrit avec beaucoup de gentillesse ses souvenirs qui restent à jamais gravé dans sa mémoire. En voici un épisode marquant.

"Mr GAL se trouvait avec beaucoup d'autres malades et blessés à la suite des violents combats du. "Chemin des Dames". Ils avaient été évacués à l'intérieur, notamment en Bretagne puis après une amélioration de leur santé envoyés dans un centre de rééducation et d'entraînement à Puget sur Argens dans le Var. Tous ces éclopés chaque jour faisaient une marche de 8 à 10 km, jouaient au ballon, au maniement des armes, etc...

Ainsi donc, 11 novembre 1918, en retournant au cantonnement, toutes les cloches carillonnaient à toute volée à Puget, laissant supposer quelque terrible incendie. En arrivant sur la place, beaucoup de monde, en priorité des femmes et des enfants. Celles-ci assaillirent les soldats se pendirent à leur cou, les embrassant avec fougue en criant : "La guerre est finie !" - "L'armistice est signé" et voulurent emmener les jeunes chasseurs a pieds chez elles pour festoyer. Hélas ! Le lieutenant responsable de ces hommes refusa et donna l'ordre de rentrer au cantonnement en l'occurence, une grande remise, avec les paillasses à même le sol. Consigne "ne pas s'absenter".

Quelques jours après, des affichettes annonçaient que des permissions agricoles seraient accordées et même renouvelées, Mr GAL en a bénéficié aussitôt et est monté aux Mées.

Un certain nombre se retrouvèrent ainsi, avec ceux qui n'avaient pas l'âge d'être mobilisés. Mr le curé des Mées leur ayant demandé s'ils voudraient bien aller accrocher à la cime du clocher un cierge de la dimension d'un petit tuyau de poêle, contenu dans une espèce de cage avec des verres rouges, Mr Antoine GAL, qui ne craignait pas le vertige, accepta et entraîna 5 ou 6 collègues jusqu'en haut des escaliers conduisant à la dernière plate-forme du clocher. Arrivé là, GAL escalada les barres de fer jusqu'à la croix, pour s'asseoir sur la barre horizontale. Une ficelle lui permis de monter le cierge qu'il arrima avec un fil de fer. Il brilla ainsi environ 3 semaines, fêtant à sa manière la fin d'une guerre cruelle et interminable.

Cette affaire menée à bien, il fallait tous en choeur, célébrer comme il se doit la victoire et donner la liberté à la joie immense qui emplissait tous les coeurs. Comment ! La concertation ne fut pas longue. Un piano automatique appelé une "viole" dormait au café "Casino" depuis août 1914. Aussitôt dit, aussitôt fait. Toute la petite troupe alla emprunter un charreton dans l'entrepôt du père GAL, maçon, situé au boulevard des Tilleuls. Le piano chargé aussitôt fut,amené à la fabrique de fruits confits, fermée à cette époque (actuellement c'est le garage GIRAUD). Une vaste salle dans laquelle furent entassées vers le fond une centaine ou plus de tians en poterie.

Le bal commença aussitôt et dura toute l'après-midi et toute la nuit qui suivit. Chacun était bien persuadé qu'on ne pourrai jamais rattraper le temps perdu. D'autant plus qu'il y avait trois fois plus de femmes que d'hommes... et que personne, je dis bien personne, n'oubliait le vide laissé par tous les être chers, les amis, les maris, les fils, etc... qui ne reviendraient plus jamais.

Même Les pénitents ne les reverraient plus !!"

Que Monsieur GAL trouve ici toute la reconnaissance de l'Association, son témoignage est irremplaçable. Sans lui, qui aurait connu et qui aurait transmis cette journée mémorable ?? Il nous paraît essentiel que toutes ces mémoires de nos anciens ne se perdent pas. Elles seront le riche héritage que nous pourrons laisser à nos enfants, à nos petits enfants. Il faut qu'ils sachent comment ont vécu leurs aïeux, leurs joies, leurs peines.

A cette occasion, nous vous demandons de nous faire connaître si vous avez des correspondances de la guerre 14-18 pour compléter ce dossier, ou d'autres récits, histoires, photos, documents qui concernent le passé de la commune des Mées. Si vous pouvez nous aider dans cette recherche, contactez un des membres de l'Association. Merci à tous de prêter votre concours pour qu'ensemble nous conservions la mémoire de notre pays des Mées.

Voir le livre :  Lettres et Souvenirs de la Guerre 1914-1918 


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