Les Amis des Mées
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Les Mées ville étape.

Passage de soldats à la fin du XVIIIème siècle.

Les Mées est situé sensiblement à distance égale de quelques villes importantes du département (Digne, Forcalquier, Manosque, Sisteron, Riez…), distance qui équivaut à une journée de marche ou de cheval. Pour cette raison, Les Mées était ville étape. Assez souvent, passaient des régiments, en déplacement, des soldats allant aux bains de Digne, ou en revenant….

La communauté était tenue d'approvisionner en nourriture les hommes et leurs monture. Cela amenait périodiquement du remue-ménage dans la cité, et gênait la communauté dans la gestion de son budget, car les dépenses engagées, n'étaient que rarement remboursées immédiatement, le plus souvent cela demandait quelques mois, voire une année.

Les soldats se rendant aux bains de Digne ne sont pas très nombreux à la fois, mais il en passe souvent, par exemple "depuis le moi d'août dernier (1783) jusques aujourd'hui (26 octobre 1783) il a passé en cette ville plusieurs soldats allant aux bains auxquels il a été fourni suivant l'ordre porté par leurs routes vingt montures gratis qui ont été payées par le trésorier de la Communauté (…) plus à un soldat du Régiment de Sonembert lequel étant absolument perclus de tous ses membres et ne pouvant se tenir à cheval il a fallu le faire porter sur la même voiture qui l'avait amené de Manosque attendu qu'il n'y en a point dans ce païs, auquel voiturier de Manosque il a été païé 9 livres, (…) aussi pour l'étape à un lieutenant et 4 soldats invalides qui ont passé en cette ville allant à Sisteron, et un lieutenant, un brigadier et trois cavaliers de la maréchaussée de Digne allant passer la revue à Manosque pour le montant de leur étape et logement tant en allant qu'en rétrogradant…"
(D.C.M.26 octobre 1783).

Mais quand alors arrive un régiment entier, c'est le branle-bas de combat, tel le 17 novembre 1783 lorsque se présente le "Régiment d'Ernest Suisse (…) et qu'il en est parti le lendemain pour aller à Sisteron, lequel régiment était composé d'un major, d'un aide major, un sous aide major, 4 garçons chirurgiens, 3 porte-drapeaux, 1 ministre, un tambour-major, 4 prévôts, un quartier maître, 7 capitaines, 9 lieutenants, 7 sous-lieutenants, 57 sergents et 765 soldats ou fusiliers (…), un simple logement aïant été fourni en outre à un chirurgien major, 4 cadets gentilshommes, 8 musiciens, un vivandier, 5 tailleurs ou cordonniers (…)" à ces soldats il faut fournir "1027 places de bouche et 86 places de fourrage.", et sont également fourni "9 mulets à bat pour porter le restant des bagages du dit régiment qu'on avait déchargé des charrettes pour les alléger depuis Riez jusqu'ici attendu la longueur et la difficulté du chemin, lesquelles charrettes n'étant point venu jusques ici et s'étant arrêtées à Dabisse pour passer le bateau de Durance et aller prendre la grande route de Peyruis à Sisteron, il a fallu nécessairement continuer de faire porter le restant des dits équipages d'ici jusqu'à Sisteron (…) de plus il a été fourni 26 chevaux de selle pour porter les officiers (…) il a encore été fourni au corps de garde deux charges de bois, (…) 3 quintaux de paille, une livre et demie de chandelles, un guide qui a été donné au Régiment pour aller à Sisteron," sans compter "le porteur qui avait été envoyé à Riez pour savoir d'avance l'état et nombre effectif des hommes du dit régiment et des montures et bêtes de bât qui leur étaient nécessaire."

Les valets de ville sont chargés "de parcourir les bastides du terroir pour faire venir des montures et bêtes de bat pour le régiment".
(D.C.M. 23novembre 1783).

Le 24 mars 1784 le même régiment repasse, il faut fournir "1110 rations de bouche et 89 rations de fourrage (…) 33 chevaux de selle et 15 mulets de bat."

Le 26 mars 1784, c'est le "régiment de Lullin de Châteauvieux Suisse qui est logé en cette ville avec étape venant de Sisteron et allant à Riez, composé d'un lieutenant colonel, d'un aide major, d'un sous-aide major, un quartier-maître, 3 porte-drapeaux, un aumônier, un ministre, un chirurgien-major, 4 fraters (garçons chirurgien-barbier), 4 prévôts, un tambour-major, 9 capitaines, 9 lieutenants, 8 sous-lieutenants, 59 sergents et 847 fusiliers auxquels le logement et l'étape ont été fournis pour un jour et réservé l'étape pour 7 soldats restés en arrière (…) il a été fourni 1139 rations de bouche et 93 rations de fourrage (…) et aussi 32 chevaux de selle pour les officiers, et 20 chevaux de selle pour porter les éclopés et les convalescents et 21 mulets ou chevaux de bât. "
(D.C.M. 8 AVRIL 1784).

Le 8 mai 1784, c'est le "régiment de Royal La Marine, qui fait étape, composé d'un major, un quartier maître-trésorier, 2 porte drapeaux, un chirurgien major, un aumônier, un adjudant, un tambour major, un armurier, 57 sergents, un cadet gentilhomme; 10 capitaines, 8 lieutenants, 11 sous-lieutenants, 807 grenadiers, caporaux, fusiliers, tambours et musiciens (…) il leur a été fourni 1066 rations de bouche et 93 rations de fourrage (…) 36 chevaux de selle pour les officiers et 12 pour porter les éclopés et convalescents".

Le 11 mai "a logé en cette ville avec étape le régiment de Sonnemberg Suisse composé d'un major, d'un aide major, d'un sous aide major, un quartier-maître, trois porte-drapeaux, un chirurgien major, un aumônier, un ministre, un tambour major, 4 garçons chirurgiens, 4 prévots, 10 capitaines, 11 lieutenants, 11 sous-lieutenants, 59 sergents, 749 caporaux grenadiers, et fusiliers (…) de plus le régiment était composé d'un aide chirurgien major, un cadet gentilhomme, un vaguemestre, deux vivandiers, deux maîtres tailleurs, deux maître cordonniers et un armurier et leurs femmes et leurs enfants (…). Il leur a été fourni 1050 rations de bouche et 105 rations de fourrage (…) et aussi … 42 chevaux de selle…"
(D.C.M. 23 mai 1784)

En principe les chevaux et mulets réquisitionnés allaient jusqu'à l'étape suivante, en l'occurrence: Riez, Sisteron, Manosque ou digne et revenaient aux Mées pour être rendus à leurs propriétaires qui étaient indemnisés.


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