Les Amis des Mées
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Dons et legs

L'hospice n'a pu fonctionner que grâce à la générosité et à la bienveillance des gens du pays. Ainsi des familles riches ont donné une partie de leur fortune, des personnes sans descendance ont légué à leur mort tous leurs biens. Mais aussi des gens simples, sans grandes possessions, offraient une partie, ou la totalité, de leur maigre avoir pour cette institution indispensable à la vie communautaire. Tel Thomas ESMIOL qui le 15 août 1712 donne « ses biens qui consistent entre autres choses à sept bêtes avérage savoir, cinq moutons, une brebis et un agneau » (A.D. 1.J.100).

 Cliquer pour agrandir la photo Ces dons le plus souvent étaient faits dans une optique charitable certes, mais aussi «pour Dieu et le salut de son âme» (testament d'Antoine CHATEAUNEUF – 19 août 1721. A D 1 J 100). Ainsi le donateur, par une ultime bonne action tentait d'attendrir ce brave Saint Pierre, pour lui faciliter ainsi l'ouverture de la porte de ce paradis tant espéré…

De son côté, l'hospice acceptant ces dons, s'engageait à certaines dernières volontés du testateur, le plus souvent l'obligation de faire dire, à l'intention du donateur, un certain nombre de messes au cours de l'année. Entre autres, pour Antoine CHATEAUNEUF l'hôpital devra « faire dire six messes de requiem annuellement et perpétuellement, trois pour le repos de l'âme de feu Jeanne BUES femme du testateur et les autres trois pour l'âme du dit CHATEAUNEUF » (testament du 19 août 1721. A.D. 1.J.100). Ou pour Joseph Etienne CLEMENT il devra «faire célébrer à perpétuité une messe chaque année le jour de la fête de Saint Joseph» (testament du 7 novembre 1866. A.D.1.X.59).

Ces clauses perpétuelles, (comme les concessions des cimetières) étaient compréhensibles au cours de ces siècles où l'on vivait avec cet esprit de pérennité familiale, de pérennité du patrimoine transmis de génération en génération, où l'inaliénabilité de ces valeurs semblait une évidence. Mais, la vie, la société, le progrès, l'évolution des mentalités au XXème siècle vont se charger de verser ces clauses dans l'oubli. Aujourd'hui ce sentiment de perpétuité des possessions a bien diminué et l'on se soucie seulement du bien-être présent laissant pour l'avenir une incertitude énorme, inimaginable, imprévisible…

Certains dons étaient effectués dans une optique particulière. La famille CHAIS (vers 1820) avait laissé une rente pour entretenir dans l'hospice trois chambres à la disposition de trois infirmes du pays (voir un peu plus loin le règlement de vie des personnes admises comme telles). François Etienne SALVATOR (en 1850) «pour terminer la construction et les réparations des bâtiments ou pour amélioration et achat de mobilier» (testament du 9 mars 1847. A.D.1.X.59). Joseph Etienne CLEMENT, «pour loger, nourrir, habiller, et entretenir dans le dit hospice un cultivateur que son infirmité ou son âge empêcherait de travailler et se trouver dans le besoin» (testament du 7 novembre 1866. A.D. 1.X.59). Euphrosime RICHARD, épouse de Pierre BARTHELEMY cultivateur au Plan des Mées, fait une donation «par un sentiment de reconnaissance, atteinte d'une maladie longue qui l'a conduite au tombeau (le 27 avril 1850 âgée de 47 ans), ses parents sans cesse occupés ne pouvaient lui donner les soins réclamés par sa triste situation c'est alors qu'elle décida à entrer à l'hospice qui ne lui a rien épargné» (lettre du Maire des Mées. Barlatier. 7 mai 1851. A.D. 1.X.59). En 1930, l'hospice, avait reçu une demande d'Adolphe TAXIL dit "TASSI" marchand forain des Mées, qui proposait de laisser tous ses biens à l'hospice si celui-ci voulait «le soigner, nourrir, vêtir, blanchir et loger à l'hospice des Mées tant en santé qu'en maladie et ce jusqu'au jour de son décès (…) et lui fournir sa vie durant la somme de un franc par jour comme argent de poche payable par mensualité». La commission administrative de l'hospice accepte l'offre qui est «finalement avantageuse pour l'hospice en raison de l'âge avancé du donateur» (délibération du Conseil d'Administration de l'hôpital 3 février 1930). Mais aussi, l'hôpital recevait, et cela n'est porté dans aucun registre, marqué sur aucun papier, des dons en nature : fruits, légumes, vin, huile… que les particuliers lui offraient.

Voici les noms de certains bienfaiteurs de l'hôpital, cette liste n'est pas exhaustive car les archives consultées sont incomplètes :
-    La famille MAGNAN au cours du XVIème siècle (1525 – 1580 – 1590)
-    Antoine TRIMOND – 1595.
-    La famille AMIC
-    La famille LATIL – 1647.
-    Anne LAUGIER épouse de Claude SALVATOR notaire – 1699.
-    Marc Antoine CHATEAUNEUF – 1721.
-    Louis de TRIMOND seigneur de Puimichel – 1765.
-    Jean Joseph REYBAUD – 1806.
-    François Etienne TAXIL notaire – 1827.
-    Anne ALLEMAND femme de Jean Baptiste TAXIL – 1831.
-    Marguerite ROUGIER – 1832.
-    Jean COMTE cultivateur – 1833.
-    Jean Baptiste Nicolas SALVATOR propriétaire avocat – 1833.
-    Françoise PONS épouse de Jean Antoine André LOMBARD agriculteur - 1841.
-    Marie Magdeleine SALVATOR veuve de Jean Baptiste Nicolas SALVATOR – 1844.
-    Joseph François de MIEULLE receveur général – 1838.
-    BERNARD avocat et juge de paix – 1844.
-    Claude Romain CLEMENT – 1846.
-    François Etienne SALVATOR propriétaire – 1847.
-    Euphrosyne RICHARD épouse de Pierre BARTHELEMY cultivateur – 1850.
-    Joseph Etienne CLEMENT ancien conseiller de préfecture – 1875.
-    Valéry ESMIEU - 1878.
-    Marie TRICHAUD veuve de François BRIEUGNE – 1879.
-    Palmyre CHAIX – 1882.
-    Alexandrine LOND – 1892.
-    Monseigneur CANTEL évêque d'Oran - 1910.
-    Gabriel ARNOUX enseigne de vaisseau et ancien maire – 1913.
-    Elie RICHAUD – 1915.
-    Marie Madeleine FREUD – 1926.
-    Adolphe TAXIL dit TASSI marchand forain – 1930.
-    Gustave Henri DAUMAX berger – 1931.
-    Marie Lucile BOUILLET veuve Noël AUBERT – 1940.
-    Clémence Marie Justine CLEMENT – 1943.

Une donation toute particulière et importante est celle faite par Madame Claire Julie Joséphine TOURNIAIRE veuve de Eugène DELOCHE, née aux Mées le 22 juillet 1861 et décédée à Nice le 22 novembre 1928, qui par son testament du 22 septembre 1928 instituait l'hôpital comme légataire universel avec le but précis de créer une maison de retraite.

«Il sera fondé dans ma villa des Mées avec son grand jardin une maison de retraite pour les indigents des deux sexes natifs de la commune des Mées ou l'habitant depuis au moins vingt ans, qui par suite d'infirmité ou de vieillesse ne peuvent plus travailler. Cette maison sera dirigée par la commission de l'hospice et tenue par les mêmes religieuses. Elle recevra aussi les personnes des deux sexes qui voudraient s'y retirer en payant mais sans distinction de pays. A la différence de l'hospice, cette maison ne recevra que des personnes ne nécessitant aucun soin sérieux ou prolongés. La villa actuellement trop petite pour ce but sera agrandie du côté de la propriété VOLAIRE par une construction attenante à la villa et communiquant et qui comprendra au moins un dortoir pour hommes, un dortoir pour femmes et quatre chambres séparées. Les frais de construction seront naturellement pris sur l'avoir que je laisserai (…) Si je puis aujourd'hui rendre service à mon pays, en faisant ce don à l'hospice qui sera ainsi soulagé par la maison de retraite, c'est grâce à Mr TOURNIAIRE Jean Baptiste mon oncle et à Mr DELOCHE mon mari. Aussi par reconnaissance et en leur souvenir je veux que leurs photographies qui se trouvent : celle de mon oncle dans ma chambre à Nice et celle de mon mari dans le salon à Nice, soient mises à une place d'honneur. Je veux aussi que, la fondation que je fais aujourd'hui soit appelée fondation TOURNIAIRE – DELOCHE et qu'elle soit consacrée à Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus.» (Testament du 22 septembre 1928 – A.D. 1.X.59)

Cette dame DELOCHE, avec intuition, mentionnait dans ce même testament : «Si l'administration de l'hospice dans un avenir plus ou moins lointain juge de regrouper les malades de l'hospice et les hospitalisés de la maison de retraite dans un même local pour raison de service ou autre, je les autorise à transporter l'hôpital dans ma villa.»

Ainsi en 1992 le nouvel hôpital et la nouvelle maison de retraite se regroupaient dans «le jardin» et «la villa» donnés par Madame DELOCHE.

L'ancien hôpital a été transformé en logements et divers autres locaux : locaux associatifs, bibliothèque municipale, bureaux de poste….


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