Les Amis des Mées
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Jean Pierre Adolphe SOULIERS

Dossier Archives Nationales L2540057
Dossier Archives de la Marine série CC7 classement alphabétique

Né à Les Mées le 4 février 1836, fils de Jean Louis SOULIERS (huissier) et de Thérèse Marguerite RICHAUD.
Marié en août 1870 à Peyruis à Marie Adélaïde MARTIN.
Décédé le 13 juillet 1901 à Saint Arnoult (Seine et Oise, actuellement Les Yvelines - 78).
Chevalier le 28 décembre 1882.
Décoré à titre militaire.
Médecin de 2ème classe de la Marine.

Ses états de service sont les suivants: école de médecine navale de Toulon en 1855, chirurgien de 3ème classe en 1857. 1857/58 à bord de l'Yonne, 1859/62 à bord de l'Euphrate, 1862 à bord de l'Euménide devient chirurgien de 2ème classe. 1863 sur le Castiglione puis le Météore basé à Alger. Sert à bord de plusieurs vaisseaux en mer de Chine de 1867 à 1870. 1871 à Alger, 1872/73 à Rochefort En 1876 il est médecin de la Légation française à Hué. 1877 Toulon, 1878 prévôt de l'hôpital militaire de Saint Denis de la Réunion. 1880, retour à Toulon. 1881, Chirurgien à bord de la frégate école la Résolue.
Admis à la retraite en février 1883 il aura servi 15 ans 1/2 en mer en temps de paix, 8 mois en mer en temps de guerre, 4 ans aux Colonies et 9 ans à terre en temps de paix, 30 ans en tout.
Il a participé aux Campagnes de Cochinchine, Chine et Japon de 1867 à 1870.
Il est décoré le 27 janvier 1883 à Toulon (83).
Sa femme et son enfant né en 1871 habitent Les Mées jusqu'en 1877. Ils résident à Toulon (83) jusqu'au début de 1883, et reviennent habiter à Les Mées de 1883 à 1890, date à laquelle ils partent s'installer définitivement en Seine et Oise (actuellement département des Yvelines - 78) à Saint Arnoult. La lecture de son dossier est touchante à plusieurs titres. Il apparaît tout d'abord qu'il a été fortement apprécié de tous les commandants sous lesquels il a servi.
Tous se louent de ses hautes qualités professionnelles et humaines : « sert avec zèle et de manière douce et polie ; il inspire de la confiance à ses malades » (1863 à bord du Castiglione) ; de Saigon (1868) le commandant de La Flamme envoie une lettre au Ministre de la Marine pour lui « signaler sa conduite exemplaire et se louer des soins qu'il lui a prodigués ». 1869 « s'est distingué durant l'épidémie de fièvres rémittentes bilieuses qui a touché le Corps Expéditionnaire en quittant Shanghai ». De Hué en 1876 « à contribué à effacer l'antipathie que l'on nous manifestait; a soigné l'oncle du roi d'Annam ». Pris par son service il ne pourra jamais passer son examen de chirurgien de 1ère classe, alors que ses supérieurs sont sûrs de son succès.
Il attendra 15 ans sa Légion d'Honneur, puisqu'il est proposé pour la première fois en 1868 et que la demande sera réitérée par ses supérieurs successifs régulièrement plusieurs fois. Au fil du temps sa santé ira en s'altérant, plusieurs fois victimes de maladies infectieuses tropicales. Il bénéficiera d'ailleurs à l'occasion de l'une d'entre elles en 1863 des soins énergiques du Dr Cantel des Mées.

Certificat des soins prodigués par le Docteur G. CANTEL
au sieur SOULIERS Chirurgien de la Marine en octobre-novembre 1863 à Les Mées
en voici la transcription:

Nous soussigné, docteur en médecine, demeurant aux Mées département des Basses Alpes, ayant été appelé le 30 octobre 1863 auprès de M. SOULIEZ (sic) chirurgien de marine pour lui donner nos soins.

Nous l'avons trouvé atteint d'une fièvre intense qui avait débuté par des vomissements bilieux abondants. Le lendemain la fièvre cédait mais deux accès de même nature que le précédent se reproduisirent pendant la semaine en affectant le caractère intermittent (type tierce).

Une toux incessante qui ne laissait pas même de relâche pendant l'apyrexie tourmentait le malade concurremment avec l'affection intermittente.

Les vésicatoires sur le thorax, l'ipéca et les préparations opiacées triomphaient de cet état complexe.

Le huit novembre M. SOULIEZ commençait à prendre des aliments substantiels et sous l'influence d'un régime réparateur associé au vin de quinquina et sirop d'iodure de fer, les forces revenaient assez vite. Impatient de se rendre à Toulon le malade avait fixé pour le seize novembre le jour de son départ, mais son attente fut une seconde fois déçue.

Dans la nuit du quinze novembre des vomissements bilieux abondants se déclarent et le matin à ma visite je constate aux sclérotiques une teinte ictérique très marquée qui envahit les jours suivants toute la face et le cou. A partir de ce moment durant cinq jours consécutifs M. SOULIEZ a eu 4 à 6 vomissements bilieux pendant les 24 heures: en même temps des douleurs atroces à l'épigastre et aux hypochondres avec sensibilité excessive à la pression venaient le tourmenter par intervalle. Le pouls était normal.

Les sangsues à l'anus et loco dolenti (ce qui signifie « sur les zones douloureuses »), les laxatifs, liniments et emplâtres calmants, les lavements laudanisés ne faisaient que calmer ces souffrances qui revenaient toujours avec ténacité. Enfin nous eûmes recours au sulfate de quinine associé à l'opium et à l'extrait de belladone et nous eûmes la satisfaction de voir ces coliques disparaître peu à peu pour cesser complètement le 23 novembre.

Depuis cette époque le teint ictérique s'efface, l'appétit renait et M. SOULIEZ se dispose à partir pour solliciter un congé de convalescence que nous lui souhaitons d'obtenir afin qu'il puisse réparer sa constitution qui nous paraît assez fortement ébranlée.

En foi de quoi sur sa demande nous lui avons délivré ce rapide aperçu de sa maladie et le certifions conforme à la vérité.

Les Mées le 26 9bre 1863
Dr G. CANTEL

Vu pour la légalisation de la signature de M. G. CANTEL
docteur en médecine aux Mées apposée ci-dessus.
Aux Mées le 26 9bre 1863
            p. M. le Maire absent l'adjoint f.f.
            JAUME


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